La capacité de concentration d’un être humain est inférieure, aujourd’hui, à celle d'un poisson rouge. On le sait depuis la publication il y a cinq ans par Microsoft d'une étude qui parvenait à la conclusion suivante : au début des années 2000, un être humain était capable de se concentrer sans la moindre distraction durant 12 secondes, contre seulement 8 en 2015… soit une de moins qu’un poisson rouge (9 secondes).
Rien d'étonnant, notre capacité d'attention n'a cessé de baisser ces vingt dernières années...
La faute à la culture du zapping !?
Cette tendance n’est pas sans conséquence sur la création artistique et la façon dont on « consomme » aujourd’hui des œuvres, notamment musicales. Avec le succès de plateformes de streaming comme Spotify ou Deezer, nos modes d’écoute se sont transformés, la prime allant aux morceaux les plus brefs.
Les succès musicaux raccourcissent de plus en plus, et ce n'est pas prêt de s'arrêter... c'est une étude commandée par Samsung qui le dit... d'ici à 2030, les titres pop à succès devraient raccourcir de plus en plus pour atteindre pas plus de deux minutes. La faute tout particulièrement à notre capacité d'attention musicale qui diminue petit à petit : de 12 secondes en l'an 2000 elle n'est plus que de 8 secondes aujourd'hui. Résultat on zappe de plus en plus facilement les morceaux : adieux les longues intros, les solos... comme celui de Hotel California qui dure 6 minutes 30, soit plus du triple de la durée moyenne estimée pour 2030... il va falloir s'habituer à ces formats de plus en plus courts, ou bien profiter de ses vieux bacs à disques !
Le temps des longs instrumentaux, des solos à rallonge, des intro minimalistes et des lents fondus sonores pour achever les morceaux est-il définitivement révolu ? La course au streaming va-t-elle recalibrer le format des chansons les plus populaires de façon irréversible, comme le suggère Samsung ?
En tout cas, il n’a jamais été aussi simple de zapper un morceau que depuis qu’on écoute de la musique en streaming. Or, en quelques années à peine, le streaming s’est imposé comme le mode d’écoute numéro un à travers le monde.
La part mondiale du streaming
Il y aurait aujourd’hui 61,1 millions de comptes payants créés sur des services de streaming musical aux États-Unis, contre seulement 1,5 million en 2010. En parallèle, les ventes « physiques » de musique s’effondrent. En 2019, les disques (CD et vinyles) ne représentaient plus que 9% du marché américain de la musique, contre 52% en 2010. Et sur la même période, le téléchargement a lui aussi nettement reculé, passant de 38% à seulement 9%.
On aurait pu s’attendre à ce que l’avènement des plateformes de streaming se traduise par une plus grande liberté artistique. Après tout, en théorie, puisque les musiciens n’ont plus besoin à tout prix d’un single calibré pour passer à la radio, la longueur de leurs chansons pourrait ne plus avoir la moindre importance. Pourtant, dans les faits, un constat s’impose : la durée des chansons les plus populaires sur les plateformes de streaming tend à se réduire d’année en année, donnant du crédit à la « prédiction » de Samsung.
En avril 2019, 8 des 10 chansons les plus « streamées » de l’histoire font moins de 4 minutes. Surtout, la durée moyenne des hits s’est réduite de 20% au cours des deux dernières décennies. En 1998, les chansons les mieux classées dans les charts britanniques duraient en moyenne 4 minutes 16 secondes, contre 3,3 pour leurs équivalentes en 2019 (soit 1 minute et 13 secondes de moins, tout de même).
Face à ces chiffres, forcément préoccupants – quelle que soit la qualité intrinsèque des morceaux cités plus haut – il est tentant de penser qu’en 2030, non seulement les morceaux dureront deux minutes ou moins, comme le prédit Samsung, mais on ne parlera peut-être même plus de chansons...
See ya on the future =)
Source : usbeketrica.com